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dimanche 21 octobre 2007

On se fout de Montcuq

Toujours pas de nouvelles sur le site Hasbro à propos de la victoire écrasante de Montcuq pour figurer en case de tête sur le nouveau plateau de Monopoly... les votes sont cachés depuis des semaines... ils nous préparent un coup d'état électoral digne d'une république bananière...

Bon, fondamentalement on s'en fout... le Monopoly est un jeu de merde et Hasbro une saloperie de multinationale qui va en plus nous bousiller DD avec une quatrième édition pur marketing.

Et pourtant, et pourtant... Toute cette histoire autour de Montcuq met en lumière une certaine réalité du régime dans le quel nous vivons. D'un point de vue de la politique cela fait belle lurette que les citoyens lambdas comme vous et moi (surtout vous) n'ont plus aucun pouvoir décisionnel (si tant est que nous en ayons jamais eu). Du coup, pour nous donner le sentiment de liberté sans lequel nous aurions déjà déclenché la révolution, on nous fourgue toute une série d'illusions de liberté. On nous donne des CHOIX! Mais attention par n'importe lesquels, on peut choisir entre des poudres à lessiver, des sodas plus ou moins sucrés, des barres de chocolat, des marques de bagnoles, des paquets de cigarettes, des bières,... enfin vous voyez le topo. Donc on passe plein de temps à choisir entre des tas d'options qui ont été dictées par les proprios de notre planète. Du simulacre donc. Et pour faire bonne mesure, on nous permet, à intervalles réguliers, de participer à l'élaboration de certains projets, c'est ce que l'on appelle justement la démocratie participative. On tient compte de notre avis. Mais c'est génial donc. Et bin non. Parce que les Proprios veulent bien tenir compte de notre avis que si ça fait partie de leurs plans. Les avis qui ne rentrent pas dans les catégories qu'ils ont prédéfinies ne l'intéressent pas (ça les incommode même).
C'est exactement ce qui se passe avec cette histoire de Montcuq. Hasbro veut bien écouter notre avis mais en tenir compte seulement si ça convient à la stratégie commerciale. Le vote proposé n'est donc qu'une vaste blague. Un spectacle de démocratie (merci Guy).
Alors vous vous dites (à juste titre) mais qu'est-ce qu'on en a à foutre de Montcuq, de ce jeu à la con et de ce vote de mes deux?
Et bien moi je dis que que cette histoire est en un microcosme intelligible l'explication de ce qui se passe dans notre société. On fait semblant de nous demander notre avis mais on en tiendra compte que si ça entre dans le canevas prédéterminé. Si vous en doutez essayer de vous rendre dans une commission de participation au niveau de votre quartier et de vous y faire entendre réellement...

Enfin tout un coup de gueule comme ça un dimanche matin... et j'ai même pas la gueule de bois... tiens c'est une idée de concept ça: le "coup de gueule de bois"

Sinon, je m'inquiète très fort pour les élections présidentielles au Liban, la situation au Pakistan et l'augmentation des tarifs du gaz pour me chauffer.

Et je passe trop de temps sur Fesse-Bouc.

A+

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Le coup-de-geule-de-bois, c'est un chouette mot-valise, ça.
On avait déjà repéré le verre-à-moitié-vide-de-sens et l'alcool-triste-sire ; je rajoute le tien à la liste...

Anonyme a dit…

Concernant le processus que tu décris : c'est amusant, j'ai en tête un bouquin de Philip K. Dick dont l'intrigue en est le parfait miroir.

Le personnage principal, Raggle Gumm, vit une petite vie paisible, dans son bon vieux présent de 1959, et il
gagne sa vie de façon assez originale : il devine systématiquement la réponse au concours du journal local : «Guess where the little green men will be tomorrow». Il tombe juste à tous les coups - ce qui transforme, en somme, les petites cases du concours en véritable carte de pointage ; c'est chouette. Enfin bref : un truc anecdotique, qui lui permet de mener une vie anecdotique (le vrai Bonheur, quoi).

Sauf que, évidemment, puisqu'on est dans un bouquin de Dick, la progression de l'intrigue renverse complètement les choses. Je te passe les détails, disons seulement que The Truman Show est librement inspiré de cette histoire ; l'intrigue est différente mais le principe est similaire : Gumm découvre que sa réalité est en
papier-mâché et, à la fin du roman, il apprend que ses petits choix quotidiens décident de l'avenir de la race humaine.

Voilà donc deux approches chirales (j'aime bien me dire que mes cours de chimie ont servi à quelque chose) : dans la première on constate que nos choix ne sont qu'illusoires, alors qu'on découvre dans la seconde que la plus petite de nos décisions peut renverser le monde entier.
Ce qui est comique - et ce à quoi je veux en venir, enfin - c'est que cette deuxième option se trouve être au coeur-même du mécanisme paranoïaque...
De là à en conclure que la première est donc d'une parfaite lucidité...
C'est un raisonnement que je ne défendrai devant aucune assemblée de psy mais, puisqu'on est entre nous...


Hum.
Je file faire qque chose de productif pour compenser.

Anonyme a dit…

En parlant de paranoïa : l'"anonyme", c'était encore moi, j'en ai peur.

dimsum a dit…

"Paranoîa is reality more finely tuned" comme dit dans Strange Days... c'est lequel de Dick, j'ai du le louper de peu paske ado, j'en ai quand même lu une chiée...

Anonyme a dit…

Il s'agit de "Le temps désarticulé", écrit en 59.

Anonyme a dit…

il y aurait des nouvelles de Montcuq mais le grand vainqueur serait une certaine rue de la paix...