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mardi 29 mai 2007

zahle II, le retour





Bon, je pouvais pas laisser Zahle comme ça...
Quelle épouvantable image de cette ville de la vallée de la Bekkah, adossée aux contreforts du Jebel Sannine, allais-je vous laisser?
C'est pourtant un endroit charmant, au climat plus respirable qu'à Beyrouth, c'est sûr. J'y ai passé quelques jours dans la famille d'un ami. c'est sans doute là que j'ai le mieux mangé, le tout arrosé de généreuses rasades de Château Ksara (littéralement Château Château), la production viticole locale qui ,ma foi, sans être prestigieuse, ne manque pas d'intérêt à l'occasion. J'ai du prendre au moins deux kilos sur le séjour grâce à l'empressement de la maîtresse de maison :-)

Tout n'est pas tranquille cependant, la guerre civile et l'occupation syrienne y ont laissé des traces, plus encore dans les esprits que dans le décor. et pas plus tard qu'hier, on annonçait qu'une grenade avait explosé devant la municipalité: http://yalibnan.com/site/archives/2007/05/breaking_news_g.php
ce n'est pas forcément lié aux autres évènements mais c'est dur de ne pas y penser...

On raconte que les Nations Unies ne devraient pas tarder à mettre en place un tribunal international pour juger les responsables de l'assassinat d'Hariri... espérons que, le cas échéant, ce tribunal soit au service de la vérité et ne soit pas détourné au profit des partisans d'un Liban déchiré et pillé. Et pendant ce temps, ça continue à se tuer à Nahr al Bared...

Avec tout ça c'est dur d'en vouloir à un fossoyeur parce qu'il déconne avec la clientèle... on fout une paix tellement royale aux assassins des vivants.

Dimsum Zahle amat (atque vobis)

en images: Zahle sous differents points de vue avec un bel exemple d'architecture défensive que je me suis permis de nommer "Ksar Chebib"

Le problème et sa solution (ou l'inverse)


En ballade à Bxl en période électorale, une juxtaposition pleine de sens (ou pas)

Pour rappel, ce gars est le Lanista qui a organisé l'euro2000, cette grande fête du fric, de la pub, de la bière, des robocops et (accessoirement) du foot

dimanche 27 mai 2007

Zahlé...




un après midi d'errance dans Zahlé,.. place forte chrétienne en orient... au détour d'une colline je tombe sur un cimetierre, je m'avance entre les caveaux cubiques. Deux gars, les fossoyeurs, m'interpellent. On discute avec un peu d'anglais de français voire de l'arabe...on ne comprend pas grand chose... avec des gestes ils m'invitent à les suivre. Le plus âgé pénètre dans un caveau qui paraît abandonné pendant que l'autre se marre. Sûr, ils ont mis une bouteille d'arak ou des bières au frais... pas exactement...

jeudi 24 mai 2007

A quand le tour des Chiites?


Après les Chrétiens d'Ashrafieh, les Sunnites de Verdun hier soir ce sont les Druzes de Aley à l'est de Beyrouth qui viennent d'être touchés par une explosion...

La stratégie de la tension continue son implacable et cynique avancée...

Maintenant ça devrait être le tour des Chiites... les quartiers de Chya ou de la Dahye à Beyrouth? Où alors une frappe plus en profondeur sur le territoire du hezb comme Baalbeck?

Je vous mets une photo prise lors d'un match de foot dans la Dayhe, le quartier Hezb de Beyrouth. Dans une excellente ambiance deux équipes de Chiites, Chrétiens, Sunnites et expats s'affrontent amicalement (dans le fond on devine un des ponts détruits par Tsahal pendant la guerre de cet été)

mercredi 23 mai 2007

Paranoia is reality more finely tuned (Strange days)


Bon, il y en a pour trouver invraisemblable la thèse selon laquelle les Yanks fourniraient des armes à des groupes sunnites radicaux au Liban, groupes qui finissent par avoir le même genre d'agenda que les potes à OBL... c'est à dire cramer la tronche à l'oncle Sam...


Au milieu des années 80, sous la présidence Reagan (le rôle de sa vie pour un cowboy raté) les services secrets américains (le CIA essentiellement) ont implémenté un marché passé par les autorités américaines avec l'Iran Khomeiniste. Le deal était simple: des armes contre de l'argent et la libération des otages américains détenus par le Hezbollah au Liban. Les armes en question transitant en prime par Israël !!!! (le deal avec Israel était quant à lui que l'état hébreux fournissait les armes à l'Iran contre remboursement des dites armes par les Américains pour que les transactions laissent moins de trace). En 86, ça c'est même amélioré puisque les prix de vente ont augmenté, la marge permettant à la CIA de financer la Contra nicaraguayenne, un groupe d'insurgés de droite (voire extrême droite, on fait rarement les chose à moitié dans ce coin-là du globe) qui se battait contre le gouvernement sandiniste de gauche en place à l'époque... Le scandale, qu'on a nommé Irangate a été révélé fin 86, ce qui a entraîné une commission d'enquête et des tas d'embêtements pour les barbouzes d'outre atlantique (on va les plaindre tiens)... ceci dit ça ne les a pas empêché de continuer à financer les groupes de fachos avec entre autres l'argent du narcotraffic...


Donc, non, je ne considère pas comme invraisemblable l'idée selon laquelle les services secrets américains puissent être mêlés à toute cette panade...

et comme je ne suis pas chiche, je vous mets une photo prise dans le camp de Sabra, qui est en lice pour le Top 10 des endroits les moins cools où j'ai foutu les pieds

A+

lundi 21 mai 2007

escalade


Bin voilà ça pète à nouveau ce soir à Beyrouth... il y a même pas deux heures (22h50 heure locale)

dans le quartier de Verdun, pas loin du domicile de Nabih Berri, le leader du mouvement chiite Amal qui se trouve être aussi le président de la chambre des représentants... il est réputé être franchement prosyrien, ce qui signifie que la piste syrienne serait à exclure (quoique on soit jamais sûrs de rien dans ce pays)

david m'a contacté cet aprem par mail, personne de la bande n'a été blessé dans l'explosion d'Ashrafieh..., d'après lui le fatah al islam qui se clashe contre l'armée pour le moment à tripoli fait partie de ces groupes financés par les services secrets américains et inféods aux camp Hariri malgré leurs dénégations...

ambiance

dans la foulée je vous balance une photo de david, que j'ai prise à Damas, dans un bar improbable de Bab Touma

A+

la couleur des briquets

Ashrafieh...
il y a trois mois, j'ignorais jusqu'à l'existence de ce vocable...
en avril ce mot est sorti des limbes pour prendre réalité sous la forme d'un quartier de Beyrouth Est, la zone chrétienne, où David m'a accueuilli au mois d'avril

La voiture piègée d'hier a explosé à quelques centaines de mètres de l'appart de Dav, devant l'ABC, un centre commercial où je suis allé boire un verre avec Georges, ce pote d'unif libanais que certains d'entre vous connaissent. Un coin chic, une colline incroyablement pentue que j'ai grimpé et descendue à pied je sais pas combien de fois histoire d'économiser un taxi... A 100 mètres de l'ABC, une église... Mar Mitr, Saint Dimitri

Au sommet de la colline, un gros carrefour

En rentrant d'une soirée passablement arrosée, alors que l'aube commençait à pointer son nez, david et moi on s'est arrêtés dans une aubette-librairie pour qu'il s'achète un briquet (il avait sans doute pas encore assez fumé ce soir-là...)

Le gars à la caisse est entouré de quelques uns de ses potes ils se racontent sûrement des blagues bien lourdes parceque j'ai beau pas comprendre le libanais j'ai reconnu les mêmes rires que ceux de mes potes à moi...
David demande le briquet donc et là le gars s'arrête de rire, le regarde intensément avec ses yeux de libanais, clairs et en amandes, et lui demande "quelle couleur, le briquet?" gros silence, les potes du gars la ferment et se mettent à le fixer aussi. Les couleurs là-bas, comme ici d'ailleurs, correspondent aux partis politiques,

Je sens David très très très mal à l'aise. moi je suis juste très très mal à l'aise d'abord parce que c'est pas moi qu'on interroge et puis parce que j'ai esquivé les sticks de fin de soirée. En un flash, je me rappelle les quelques fois où j'ai du masquer pour répondre à des flics lors d'un contrôle en rentrant de soirée, juste que là c'est pas des flics, c 'est des gars qui sont peut-être des miliciens avec la kalash sous le comptoir...
J'ai l'impression d'entendre les neurones gémir sous le crâne de David... Il bredouille... le temps est incroyablement élastique... "euuuuuh, .....jaune?" merde pas bon, le gars fait des gros yeux (clairs et en amandes), juste, le jaune c'est Hezbollah... moi j'avise le t shirt rouge d'un des potes du libraire et je fais ,en sautillant de stress , en le pointant du doigt : "rouge, rouge, rouge!" le gars au t shirt se marre, le libraire approuve un peu, il supporte les communistes.

En regardant David j'ai un nouveau flash, je revois "La grande vadrouille" la scène où Bourvil est interrogé par les Fritz et où courageusement il déclare "vous pouvez me torturer, je ne parlerai pas!" et où De Funes renchérit "oui, vous pouvez le torturer, je ne parlerai pas non plus!" je vous laisse le soin de répartir les rôles...

David tente un bleu, le libraire :"bleu ça va" le bleu est pour les hariristes du mouvement du futur, le gars est donc un chrétien pro-gouvernemental, des Forces Libanaise ou du Kataeb, les Phalanges de la dynastie Gemayel, (deux formations d'extreme droite qui aiment bien saluer en tendant le bras droit et massacrer les gens) puis il dit très sérieusement :"mais orange ça va pas du tout" nouveau silence... l'orange c'est la couleur du Mouvement Patriotique Libre du général Aoun, considéré comme traître par les chrétiens d'extrême droite entre autres à cause de son discours laïc et légaliste...

David et moi on secoue vigoureusement la tête de droite à gauche en faisant "ah bin non pas orange, pas bien l'orange". David paye le briquet bleu, on se dirige vers la sortie avec des sourires de faux culs...

Une fois dehors on pousse un gros soupir, et on se prend d'un incroyable fou rire. Plus loin on s'appuie à la balustrade pour une pause. David contemple longuement son briquet avant de s'allumer une clope... je me dis que j'ai vraiment bien fait d'arrêter de fumer, c'est vraiment dangereux le tabac.

On reprend le chemin de l'appart, dans moins de 10 min on pourra s'écrouler et cuver.

La bombe d'hier a pèté à 50 mètres de l'aubette
J'imagine le gars et ses potes
Ils se marrent plus, ou si justemment.
Ils sont peut-être en train de graisser leurs fusils en parlant du bon vieux temps de la guerre civile. Quand pour répondre à l'assassinat de Bachir Gemayel, leur chef, ils ont massacré du 16 au 17 septembre 82 dans les trois mille palestiniens (essentielement femmes et enfants) du camp de Sabra...


Ashrafieh...

mercredi 16 mai 2007

et donc voilà dimsum projeté dans la dimension virtuelle....